Edito

Edito Jean Leonetti

Chers amis d’anthéa,

Il y a 10 ans, nous avons inauguré le théâtre communautaire anthéa avec la conviction qu’un grand espace dédié au spectacle vivant était nécessaire pour parfaire l’offre culturelle déjà prestigieuse de notre territoire. Nous voulions que ce lieu permette l’expression d’une diversité culturelle et soit accessible à tous. Depuis ce jour, avec plus d’un million de spectateurs venus assister à une programmation de qualité, la réalité a dépassé toutes nos espérances.

Merci à tous les artistes et à tous les élus d’avoir su relever ce défi collectif et traverser avec confiance la difficile période de la crise sanitaire et économique.

Merci à Daniel Benoin et à toute son équipe d’avoir réussi avec talent et détermination la réalisation de ce rêve et de nous donner la fierté de voir se créer à anthéa des spectacles avant qu’ils se produisent dans les théâtres parisiens ou les tournées en France.

Merci d’avoir, comme c’était le voeu de la Communauté d’Agglomération Sophia Antipolis, permis une large ouverture aux scolaires et aux jeunes publics et de pratiquer des tarifs permettant à chacun un accès à anthéa.

Enfin un immense merci à vous public fidèle, curieux et enthousiaste qui nous a fait confiance depuis le début de cette aventure. Vous savez qu’en poussant les portes d’anthéa, vous assisterez à une expression artistique de qualité. S’il ne peut pas toujours correspondre au goût de tous, le spectacle nous assure cette rencontre d’exception avec la richesse de la culture vivante, de l’innovation et du talent.

Cette année encore, j’en suis sûr, vous aurez la difficulté non pas de choisir mais de renoncer quelques fois à assister à telle ou telle représentation tant la programmation est marquée par la diversité des spectacles avec l’ambition de satisfaire chacun d’entre vous.

À bientôt à anthéa pour de nouveaux moments d’émotions que seule la Culture peut procurer.

Edito Daniel Benoin

Cette fois c’est fait, le 5 avril 2023 anthéa a officiellement soufflé ses dix bougies dans la bonne humeur partagée. Pour saluer cette décennie, l’écrivain et critique dramatique Gilles Costaz publie à L’avant-scène un beau livre sur cette « aventure théâtrale novatrice » qu’est anthéa. Car le théâtre, c’est aussi la mémoire du théâtre. Et ce livre a d’abord été voulu pour rendre hommage au public, clef de voûte de notre maison commune, et pour que chacun, s’il le désire, puisse se souvenir avec nous de ces dix années si vite passées, marquées par le drame de la pandémie, qui nous a rappelé nos fragilités, la fragilité de notre art et de nos pratiques artisanales.

Aujourd’hui le public revient nous témoigner sa confiance et son appétit pour le spectacle vivant. Et parce que le public est central, essentiel, j’ai depuis longtemps la conviction que l’abonnement doit être au coeur du dispositif. C’est le fer de lance d’une bonne politique. La formule de l’abonnement permet à la fois d’avoir accès en priorité aux grands spectacles populaires mais elle est aussi une façon de faire des découvertes. Quand les gens me remercient pour un spectacle vers lequel ils ne seraient pas allés spontanément, c’est comme une récompense et je suis le plus heureux des directeurs.

De la même façon, un théâtre n’existe vraiment, profondément, qu’à travers ses productions. Cette année, j’ai compté treize productions ou coproductions. Produire un spectacle est une affaire de confiance et de fidélité : des artistes, amis de longue date, tels Laurent Pelly, Zabou Breitman, Jo Lavaudant, ou le Collectif 8, la troupe associée à anthéa, côtoient de plus jeunes talents comme Clément Althaus, Eugénie Andrin, Mélissa Prat... Produire c’est donc aussi faire le pari de l’avenir.
C’est faire également preuve de solidarité : anthéa engagé avec six institutions de la région Sud, dans le cadre de la plateforme de production Extrapôle, a permis le montage d’un projet d’envergure comme G.R.O.O.V.E. de Bintou Dembelé. Enfin, pour ma part, je reprendrai Madama Butterfly, l’opéra de Puccini, et A.D.A. : L’Argent des autres, pièce américaine de 2000, brûlante d’actualité, avec une toute nouvelle distribution dont Alex Vizorek et votre serviteur.

Car le théâtre, c’est aussi la parole vivante, la parole en action, le lien irremplaçable de l’adresse directe, de l’interaction entre le poète, l’interprète et le spectateur. Chaque soir, le monde, dans sa diversité, est représenté sur scène, chambre d’écho de la cité. Il y a donc une certaine responsabilité. La programmation de cette saison en atteste. Théâtre, danse, chanson, et les autres disciplines artistiques ont quelque chose à nous dire de l’état du monde. Aux extrémités du spectre, la Phèdre de Sénèque montée par Georges Lavaudant ou Le jour du kiwi avec Gérard et Arthur Jugnot, sont des miroirs que l’on promène le long du chemin : tragédie ou comédie, ces pièces nous parlent d’aujourd’hui. Le corps des femmes, la pédocriminalité, la guerre, l’avortement, la finance, la maladie, la mort... sont des sujets que le théâtre ne craint pas – qu’ils soient abordés frontalement, avec humour ou poésie, en musique ou en mouvements, ils nous ramènent à cette évidence que le théâtre, c’est la vie.

Je suis heureux également que nous puissions accueillir la Comédie-Française venue présenter le terrible Tartuffe monté par Ivo van Hove, sans doute l’un des plus grands metteurs en scène au monde. André Dussollier, camarade de toujours, dira des textes qu’il a choisis avec sa sensibilité, son intelligence littéraire. Jacques Gamblin revient, auréolé d’un récent Molière, nous livrer une nouvelle performance. Édouard Baer avec son Journal d’Antibes se lance dans une expérience sans filet avec le public. Christophe Honoré propose Le Ciel de Nantes, pièce chorale dont il est aussi l’auteur. Occasion pour Chiara Mastroianni, grande actrice de cinéma, de faire ses premiers pas sur scène. Baptême du feu aussi pour Gaspard Proust qui devient comédien dans une pièce écrite pour lui par Sébastien Thiéry, Demain la revanche. Au théâtre ce sont souvent les premières fois qui comptent.

Mais en ce qui concerne la chanson, c’est souvent la mémoire qui fait notre joie. Avec Véronique Sanson, Renaud, Maxime Le Forestier, Bernard Lavilliers, c’est à un vrai panorama des années 70 à 90 que nous invitons.

La saison 2023-2024 ouvre une nouvelle décennie. Qu’elle dure longtemps.