Rapport pour une académie
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Rapport pour une académie

de l’homme ou du singe, qui dresse qui ? un superbe questionnement
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l’histoire

Après avoir présenté une mise en scène saisissante de Phèdre la saison dernière, le grand metteur en scène Georges Lavaudant explore l’univers sombre et profond de Franz Kafka. Un singe roux, nommé Rotpeter (« Pierre le Rouge ») a été capturé jadis par des braconniers. Depuis, il s’est humanisé au point de pouvoir s’exprimer à haute voix devant une Académie et raconter son existence. A-t-il écrit lui-même sa conférence, malgré sa main sans pouce opposable, ou l’a-t-il simplement dictée ? En tout cas, son corps est toujours simiesque. Sexuellement, il reste attaché à une femelle de son espèce, avec laquelle il continue à s’accoupler. Mais il parle. Il raisonne. Il rit, il nous toise et nous ressemble. À moins que notre héros ne veuille pas tant que cela devenir notre semblable. Peut-être qu’il veut seulement nous le faire croire...

ce qu’ils en disent

Les textes de Kafka sont des carrefours où toutes sortes de pistes se croisent. Si l’on s’obstine à n’en suivre qu’une seule, on risque de s’éloigner, et de se perdre en perdant l’essentiel : sa géniale ambiguïté, son art énigmatique... Comment se laisser ainsi apprivoiser sans renoncer à sa sauvagerie secrète ? Rotpeter l’amuseur, le rusé, le menteur, l’ironiste, est une figure de l’opprimé qui lutte comme il peut, avec ses armes, pour s’« humaniser » à sa façon, et à ses propres conditions. Peut-être pour se libérer en multipliant, en quelque sorte, la servitude par elle-même. Après tout, Rotpeter n’a aucune raison de nous laisser tracer une frontière claire entre assimilation et résistance, sournoiserie et sincérité. Pourquoi le devrait-il ? Le mensonge aussi est le propre de l’homme. Et la fiction. Georges Lavaudant

ce qu’ils en pensent

Un petit bijou. Le décor est superbe, le maquillage est magnifique et l’on admire le jeu exquis et inventif de Manuel Le Lièvre. Jean-Pierre Thibaudat, Mediapart
Manuel Le Lièvre est capable d’être d’une cocasserie renversante et d’une gravité déchirante. Par-delà le maquillage et la perruque, il y a le regard, la voix, les délicates nuances. On a le cœur transpercé par cette histoire et par la dignité de celui qui s’adresse à nous. Armelle Héliot
Manuel Le Lièvre est immense. De son jeu en clair-obscur, où les traits d’humour sont sous-tendus par une ironie noire, émergent à la fois une force et une douleur. Vincent Bouquet, Sceneweb

rencontre avec l’équipe artistique à l’issue de la représentation du mercredi 2 avril
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