Discussion avec DS

Discussion avec DS

autour de la figure de delphine seyrig, un des grands succès parisiens de l’année
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l’histoire

« Combien faudrait-il de pages pour décrire un sourire, un regard, l’inflexion d’une voix ? Mille ? » écrivait Marguerite Duras à la mort de Delphine Seyrig. Des années plus tôt, en 1968, dans Baisers volés, Delphine Seyrig incarnait Fabienne Tabard, qui aux yeux du jeune Antoine Doinel n’était pas une femme mais « une apparition ». Et aujourd’hui c’est bien le fantôme de l’actrice disparue prématurément que vient interroger l’actrice et metteuse en scène Raphaëlle Rousseau. Dans un dispositif dépouillé, elle rend hommage à son idole, sa déesse, de la plus humble et stupéfiante des façons en récréant le temps de la représentation les conditions d’un dialogue surréel avec Delphine Seyrig. Elle pousse l’identification jusqu’à la métamorphose et fait réapparaître DS au cours d’un spectacle qui est loin d’être une reconstitution biographique mais quelque chose d’éclaté, d’inachevé, comme une discussion. De l’aveu de RR, ce n’est peut-être même pas un spectacle du tout mais un fantasme, une réparation, celle d’une rencontre impossible.

ce qu’ils en disent

Vous voulez écrire sur moi ? Mais cela n’a aucun intérêt ! Écrivez donc sur le voisin d’en face qui croupit dans l’indifférence et l’anonymat, ce sera certainement plus intéressant, ce que vous devez savoir de moi je vous l’ai montré au cinéma ou au théâtre et cela doit vous suffire. Delphine Seyrig
Sa tombe, au cimetière Montparnasse, est très sobre : sur une stèle très blanche, sont gravées ses initiales – DS – et deux dates : 1932-1990. Rien de plus. « DS » donc, disparaît deux ans avant ma naissance. Un jour, je l’ai entendue, cette voix bien connue du cinéma de Truffaut, Akerman, Resnais, Duras, Demy, Buñuel et bien d’autres... et comme beaucoup, j’en suis tombée amoureuse. Tout ce que je peux dire c’est que j’aurais follement aimé la connaître et c’est précisément ce que ce spectacle vient réparer. De cette nécessité est né le dispositif et point de départ du spectacle : une conversation entre une jeune actrice et Delphine Seyrig, icône disparue du cinéma français. Grâce à un montage sonore de vraies archives audio de sa voix, que je découpe et monte à l’envi et avec lesquelles je dialogue, sur scène, en direct, je la fais parler à nouveau : de cinéma, du métier d’actrice, de ses joies et de ses difficultés, de la vie après la mort, de féminisme... Raphaëlle Rousseau

ce qu’ils en pensent

Peu à peu, devant nous, elle devient la déesse DS, sans pourtant l’imiter directement. Comme si Seyrig prenait possession de son corps et de son esprit, en une mise en abyme, magnifiquement organique, de ce métier de comédienne. Fabienne Darge, Le Monde
Dans un seule-en-scène, extrêmement drôle et émouvant, Raphaëlle Rousseau ressuscite Delphine Seyrig par l’entremise d’un ingénieux dispositif d’archives sonores. Marilou Duponchel, Les Inrockuptibles
Delphine Seyrig est avec nous, devant nous. Elle s’exprime, elle bouge, elle dialogue avec sa cadette qui a pris place dans un au-delà, peut-être situé dans les cintres du théâtre – et il y a de l’humour dans ce paradis. Anne Diatkine, Libération
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