LA RELIGIEUSE

LA RELIGIEUSE

prix « coup de coeur » de la presse au off d’avignon 2016, par le collectif 8, compagnie associée d’anthéa

l’histoire |

Invoquant de prétendues difficultés matérielles, les parents de Suzanne Simonin enferment leur fille au couvent. En réalité, c’est parce qu’elle est une enfant illégitime et que sa mère espère expier sa faute de jeunesse. Suzanne est ainsi contrainte à prononcer ses voeux. Après une première période de bonheur et de plénitude, son destin bascule avec l’arrivée au couvent d’une nouvelle supérieure qui sait que la jeune fille désire rompre ses voeux. La supérieure soumet alors Suzanne à une multitude d’humiliations physiques et morales auxquelles prend part l’ensemble de la communauté. Suzanne est condamnée à rester au couvent et ne peut obtenir qu’un transfert dans une autre communauté de religieuses. Cette fois la supérieure tente de la séduire avant de sombrer dans la folie devant l’indifférence et l’innocence de la chaste Suzanne qui réussit enfin à s’enfuir du couvent et s’installe dans la clandestinité.

ce qu’ils en disent |

S’appuyant sur une écriture, à la fois drôle et cruelle, Diderot tend un miroir au public de notre temps. Il s’agit ici de mettre en scène nos propres démons, nos angoisses, nos obsessions. Les exorciser dans un cauchemar fascinant. Le roman fictionnel de Diderot prend appui dans la réalité, s’en inspire, pour mieux la détourner et s’en faire l’écho. Dans un hymne d’espoir et de liberté, deux comédiennes incarnent la dualité du personnage de Suzanne Simonin, à la fois interprète et observatrice, accusée et avocate. Elles font renaître les fantômes, vierges folles et monstres, de ces vies arrachées, vrillées. Emmurées dans leur solitude, autour d’elles les « cages » se succèdent : foyer familial, couvents, cellules, maison close. À travers le récit de ces femmes se mêle la parole militante, lumineuse et tendre de Diderot. Il peint un monde complexe, entre perversion et détournement sulfureux, d’où émerge le cheminement d’une femme vers son indépendance, affirmant son droit à la justice et à la liberté. Le théâtre pénètre le réel et s’envisage ici comme tribunal de l’humanité, le spectateur y est convoqué, questionné, pris à partie. Gaële Boghossian et Paulo Correia

ce qu’ils en pensent |

Les réalisations vidéo et la mise en scène de Paulo Correia s’affinent à chaque spectacle et brillent ici d’une sobriété ascétique qu’aurait aimé Diderot, tout comme les compositions musicales de Clément Althaus. Une réussite harmonieuse au service d’une oeuvre alarmée et alarmante qui n’en finit pas, hélas, de déranger. Jean-Louis Châles, La Marseillaise
Le jeu subtil des deux comédiennes (mises en scène superbement par Paulo Correia qui assure aussi la création vidéo) qui se répartissent la dualité du personnage de Suzanne Simonin, à la fois victime abattue et observatrice avisée de ce qu’on lui inflige. À voir absolument. Yves Kafka, Le Bruit du off
Ce moment, orchestré également comme la représentation symbolique de la progression des femmes dans un monde qui les oppresse, est tout à fait fascinant. Gilles Costaz, Web Théâtre

rencontre avec l’équipe artistique à l’issue de la représentation du mercredi 19 mai

2020
2021